Mais voilà une entreprise qui commercialise
des ordinateurs s'intéressent fortement au Lorraine, c'est Commodore.
La
société Hi-Toro se renomme alors en Amiga et produit des petits
hardwares, genre le Joyboard, histoire de tenir pendant que le
développement de l'Amiga 1000 (la version commerciale du Lorraine) se
poursuit, quelque peu subventionné par Commodore qui a bien flairé le
coup. Amiga n'a pas assez de temps pour sortir son ordinateur, et la
faillite les gagne... alors Commodore les rachète (alors qu'Atari était
également sur les rangs). Et c'est le début de l'histoire.
En
effet, suite à ce rachat, et grâce à la popularité de Commodore mais
aussi et surtout grâce à son pouvoir "marketting", la marque Amiga
décolle littéralement et se propulse comme l'ordinateur révolutionnaire
de ce milieu des années 80 (il avait fait forte impression lors de la
présentation de l'Amiga au CES de l'époque avec le fameux "juggler" qui
en avait surpris plus d'un alors qu'il avait été programmé à l'arrache
pour avoir quelque chose à présenter, tout comme la fameuse balle
rebondissante).
L'Amiga
1000 est alors produit en grande quantité avec sa particularité que
tout amoureux de la machine et collectionneur connaît : les signatures
de ces créateurs et la patte du chien de Jay Minner, le gentil Mitchy,
sont gravées à l'intérieur de la coque (j'en veux un ! ^.^ ).
L'aventure Amiga se poursuit avec l'Amiga 500 qui va révolutionner
la micro informatique "domestique" avec ses puces dédiés au son, à
l'image, à la vidéo... Il est déjà multi-tâche préémptif, et tout cela
en 1988. L'aventure continue avec les sortie de l'A2000, A3000, A500+,
A600, A1200 et A4000, et avec aussi l'essai de console/media center que
fut le CDTV.
Malheureusement,
la gestion de Commodore laisse à désirer, et la faillite semble proche
alors que les ventes sont au beau fixe... un comble. Mais la sortie de
la première console CD et 32 bits rassure quelque peu les Amigaïstes,
il s'agit de la CD-32. En fait, il s'agit ni plus ni moins que d'un
A1200 recarossé, voire "camouflé", avec une puce Akiko qui ne fut que
très peu exploitée. À signaler tout de même qu'on pouvait adjoindre à
cette console un module FMV qui vous permettait ainsi de lire les VCDs
(qui a dit que Sony avait pensé à tout ? ).
Finalement,
en 1993, Commodore fait faillite... mais les loups se disputent la part
du gâteau et veulent racheter la technologie Amiga (qui compte quelques
brevets très intéressants pour l'époque). On compte dans le rang :
Commodore UK, IBM, Escom, CEI, Dell et Samsung... mais rien ne se
fait... Il faudra attendre 1995 pour voir une société allemande du nom
d'Escom pour que la marque soit enfin rachetée. Une nouvelle production
de 100.000 A1200 est relancée et vendue (pour l'anecdote, elle sera
fabriquée à Bordeaux), et un prototype à base d'A1200, de carte
accélératrice et de disque dur sort des ateliers, le Walker mais
n'arrive pas jusque sur les étales des commerçants... Et pour continuer
dans la spirale du malheur, Escom fait faillite.... Et il faut encore
attendre un rachat... Une société américaine du nom de Viscorp semble
se détacher du lot puisqu'elle paye même les employés d'Amiga pendant 3
mois, mais elle se fait souffler l'affaire par le géant Gateway (numéro
2 de la vente de PC assemblés au monde à l'époque).
Mais
que vient faire Gateway dans cette galère... On se le demande tous,
mais ils ont du cash, et ça c'est bien. Un projet prend forme en 1999
(il était temps), le MCC ou la fameuse "Multimedia Convergence". On
voit les prototypes aux différents salons Amiga qui ont lieu cette
année là, mais en fait, on n'y voit que les prototypes des tours et
écrans, pas de carte-mère... ça sent le gaz... Et effectivement,
Gateway ne veut pas insuffler de l'argent dans ce projet et prétexte
qu'il s'agit là du rêve d'un employé qu'ils ont quand même payé pour
ça... Retour à la case départ...
Finalement en 2000, Amino, un groupe d'utilisateur, achète une
licence d'utilisation du nom Amiga à Gateway. Ils ont des projets mais
semblent réalistes... Mais après deux ans de parlottes et de beaux
discours, rien ne vient, si ce n'est une carte accélératrice qui permet
de passer son A1200 au G3 et ouvre les portes des nouveaux ordis...
mais on ne la voit pas tourner, et cela se révèle plus être un lego
qu'une solution viable. Bref, on tourne en rond...
Enfin,
à côté de tout ça Phase5, une société allemande qui commercialise
depuis 1990 des cartes accélératrices de très bonnes factures,
notamment les fameuses Blizzard et Cyberstorm pour les A1200 et 4000,
continue son projet de cartes accélératrices dites PowerUP, avec
PowerPC, en accord avec Amiga (accord signé en 1995). Bien qu'Escom ait
coulé, Phase5 a poursuivit le projet jusqu'à son terme et on peut alors
acheter en 1997 les premières cartes PowerPC pour Amiga, un grand bond
dans l'évolution de la machine qui passe du 68060 à 50 MHz (voire 80
pour les plus fous) au 604e à 240 MHz (280 pour les plus fous, comme
d'habitude).
Cette société avait aussi décidé de faire, toujours en accord avec
Amiga à l'époque, la transition de l'AmigaOS vers le PPC. Cela aboutit
à l'époque de la sortie de ces cartes à des "bibliothèques" PPC qui
permettent d'utiliser le PPC mais aussi le 68000 pour permettre une
compatibilité totale. Malheureusement, encore et toujours, Phase5 coule
en 2000...
Toutefois, bPlan est créé peu de temps après par des membres de
Phase5 qui reprennent le projet de Phase5, c'est à dire sortir un
ordinateur PPC et un OS compatible Amiga sur cet ordinateur PPC.
MorphOS 0.1 sort pour les possesseurs d'Amiga PPC et ne se sert plus du
tout du 68000 intégré. Les versions 0.2 et 0.4 suivent et apportent une
émulation du 68000 pour continuer d'utiliser les anciennes
applications.
En
Novembre 2001, le Pegasos (l'ordinateur de bPlan à base de G3) et
MorphOS (l'OS Amiga totalement réécrit pour le PPC) sont présentés au
salon de Cologne. Tout le monde veut y croire. La sortie est prévue
pour Mars 2002, mais les aléas de l'informatique sont impénétrables...
et bPlan semble battre de l'aile. C'est à ce moment là que Thendic
France (oui oui, France ! ^o^ ) apparait et propose un partenariat avec
bPlan... et devinez qui est à la tête de Thendic France ? Bill Buck,
l'ex patron de Viscorp qui avait payé les employés d'Amiga de sa poche
en 1996. Comme quoi le monde est petit.
Les phases de BetaTest de la machine et de l'OS commence en août
2002, et les premiers Pegasos sont en vente pour les initiés (oui, faut
connaître un peu, sinon c'est un peu chaud quand même) en décembre
2002. Je reçois le mien en Janvier 2003, et je peux vous dire que ça
tue, c'est comme mon Amiga (même soft, oui oui, avec l'émulation du
68000, mais pas d'Aga ni de Paula, donc il faut des logiciels qui
soient programmés propres et qui ne tapent pas dans les puces customs
de l'Amiga), mais c'est rapide, rapide, rapide. L'utilisation est
identique et le feeling est le même, enfin pour moi.
Un nouveau Pegasos est annoncé et sort fin 2003. Appelé sobrement
Pegasos II, il apporte le G4, la mémoire DDR et trois ports ethernet
dont un gigabit. Ce dernier sort suite à un soucis avec le northbridge
(puce de contrôle de pas mal de trucs...). Il a donc un nouveau
northbridge, plus puissant, plus mieux.
De
l'autre côté, Amiga Inc. a pondu le projet d'AmigaAnywhere qui est en
fait un OS capable de se lancer de partout et qui permet ainsi une
compatibilité des logiciels AmigaAnywhere partout (enfin, ça tourne en
surcouche de Windows CE). À côté de cela, les droits ont été cédés à
deux entreprises, Eyetech (pour le hardware) et Hyperion (pour l'OS).
Ces deux sociétés ont concocté l'AmigaOne et l'AmigaOS4.0. L'AmigaOne
apparaît en 2002 dans divers salons, il s'agit en fait d'une carte
Teron (pour les initiés) qui ressemblent fortement à celle du Pegasos.
Quant à l'OS4.0, c'est un AmigaOS 3.9 amélioré à la sauce PPC (un peu
comme MorphOS finalement, avec la même compatiblité et les mêmes
limitations, sauf que celui-ci a le nom et sort deux ans plus tard).
Malheureusement, Eyetech n'est plus désormais (ils ont connu les mêmes
soucis de northbridge vu qu'ils utilisaient le même que sur le Pegasos,
et a fini par fermer ses portes courant 2006) mais ils auront quand
même sorti les AmigaOne et les MicroAOne (des AmigaOne au format
Mini-ATX). AmigaOS 4.0, tout comme MorphOS, sont désormais disponible
pour les Amiga Classic équipés de cartes PPC et leur développement
continue leur bonhomme de chemin.
MorphOS est arrivé en version 2 avec une véritable
couche 3D pour l'affichage du bureau et se permet même de tourner sur les Mac Mini PPC (les anciens modèles donc) et Hyperion annonce une nouvelle machine, l'Amiga X1000 ! L'histoire de l'Amiga continue de s'écrire aujourd'hui, comme quoi !
L'Amiga est mort depuis longtemps, mais certains tentent toujours
de le faire vivre. C'est beau non ! Et il y a encore des amoureux de ces vieilles machines.
Pour
ceux qui voudraient rejouer à leurs vieux hits Amiga, sachez qu'un
clone d'A500 est désormais disponible à la vente, qu'il se branche sur
un écran VGA, qu'il lit les cartes SD sur laquelle vous placez la rom
du 500 (que vous avez acheté dans Amiga Forever)
et vos disquettes au format ADF, et à vous les joies de l'Amiga
retrouvé ! De plus, une version "clone" de l'A1200, le NatAmi ou
"Native Amiga", est également en cours de réalisation. Bref, il aura
fallu attendre 2008 et des passionnés pour faire ce qu'Amiga Inc. n'a
pas su faire : nous faire rêver de nouveau.
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/me est un nostalgeek amigaïste, vous l'aurez sans doute compris